L’Art, je le vis. Le corps et la Nature ont été mes premiers sujets d’intérêt. À présent, je ne travaille plus «sur», mais avec.
Avec mon corps, j’explore. Me laissant porter par la séduction, parfois mêlée de répulsion qu’exercent sur moi le bois, les plumes, les insectes, le métal, les élytres… et par la douceur ou la violence des différents outils que j’emploie : pinceaux, marteaux, gouges, acides. Je teste les limites de la matière, la tendresse du métal que je martèle, le chatoiement de sa surface qui fait imploser de bonheur ma rétine lorsque je travaille la patine de mes « Totems ». Mon marteau taquine le cuivre, et mes gouges incisent d’immenses planches de bois, égrainant de petites lamelles de peuplier. Quant à mes pinces, elles accouplent insectes exotiques et plumes, révélant au regard d’étranges « Chimères » rapportées des profondeurs de songes hallucinatoires. Travailler avec mon corps, c’est aussi explorer mon espace : de la feuille de papier il y a quelques années, vers l’extérieur ; du minuscule vers l’immense : libération et déploiement. Dans les actions très répétitives que j’exécute lorsque je réalise une oeuvre, c’est le lâcher prise, la perte de notions de temps et d’espace qui m’intéressent. Ces gestes créateurs ont pour moi une valeur méditative. En oubliant et mon temps, et l’espace que mon enveloppe corporelle habite, je deviens, comme la Nature, infinie, in-finie.
J’aime la poésie de l’impossible qui apparaît pourtant sous nos yeux ébahis par la force de l’imagination.